Congé maternité des avocates "à leur compte" : un défi organisationnel et financier (Part 2)

Pour les avocates indépendantes, la grossesse représente une période d’incertitude.

Gérer son activité tout en prenant un congé maternité pose des questions cruciales : Comment gérer les dossiers en cours ? Comment maintenir son activité sans pouvoir facturer ? Comment gérer les charges fixes qui se maintiennent pendant cette pause « imposée » ? Comment préserver la relation-client ?

Les enjeux du congé maternité pour les avocates exerçant à leur compte

L’arrivée d’un enfant devrait être un moment de joie, mais pour les avocates exerçant à titre individuel, c’est souvent une période de stress professionnel.

Contrairement aux salariées ou collaboratrices qui bénéficient d’une certaine stabilité financière pendant leur congé, les avocates indépendantes doivent gérer à la fois leur absence et la continuité de leur activité. Elles sont confrontées à des problématiques majeures :

Interdiction de facturer et pertes financières

Durant leur congé maternité, les avocates indépendantes ne peuvent pas facturer si elles souhaitent percevoir les indemnités de la sécurité sociale et de leur barreau. Cette situation entraîne une perte de revenu immédiate, alors même que les charges continuent de s’accumuler : loyers, cotisations ordinales, frais professionnels… Les indemnités, bien que nécessaires, ne couvrent pas l’ensemble des coûts. Certaines avocates choisissent de travailler durant leur congé (tout en décalant dans le temps leur facturation), pour éviter de mettre leur trésorerie en danger, au risque de compromettre leur repos.

Gestion de trésorerie rigoureuse

Malgré les indemnités perçues pendant le congé maternité, les avocates indépendantes peuvent se retrouver dans une grande difficulté financière en raison du poids de leurs charges fixes dans leur structure de coûts. Certaines, conscientes de ce risque, mettent de l’argent de côté bien avant l’arrivée d’un enfant. Cela demande une gestion de trésorerie d’une rigueur absolue dès le début de leur activité ce qui est extrêmement difficile en raison du poids des charges professionnelles qui permettent difficilement de se constituer un coussin de sécurité. La précarité financière liée au congé maternité pousse parfois les avocates à reporter leur départ en congé ou à réduire sa durée pour limiter l’impact économique.

Absence de collaborateur à qui déléguer

Trouver un remplaçant temporaire pour gérer les dossiers pendant le temps de son congé maternité est un vrai défi. Quel avocat serait disponible pour une période si limitée ? Comment être sûre que les dossiers seront bien traités ? Comment s’assurer que le client soit OK avec cette organisation ? Comment s’assurer qu’on ne le perde pas (ou qu’il ne parte pas avec un autre avocat) ?

A défaut de solution sécurisante et flexible, un bon nombre d’avocates se dirigent vers le recrutement (long terme) d’un avocat expérimenté capable de gérer les dossiers en toute autonomie pendant leur absence. Outre la difficulté liée au recrutement d’un tel profil, cette solution fait exploser les coûts fixes et amplifie de façon significative la précarité financière financière. Un fois le congé maternité terminé, il faut pouvoir continuer à le payer tous les mois…

Ce manque de soutien peut rendre la période de congé extrêmement stressante pour les avocates qui exercent seules.

La gestion du retour au travail

La maternité ne s’arrête pas après l’accouchement. Lors de la reprise, les avocates doivent jongler entre les responsabilités familiales et la relance de leur activité. Gérer cette transition demande une flexibilité que beaucoup n’ont pas si elles n’ont pas de collaborateur ou d’aide extérieure.

Sans soutien, elles peuvent être contraintes de refuser des dossiers, ce qui peut entraîner une perte de clients et mettre un coup d’arrêt à la progression de leur chiffre d’affaire.

La solution pour gérer efficacement la période du congé maternité ?

Il est essentiel de mettre en place des solutions adaptées pour assurer le maintien de son activité tout en respectant son temps de repos.

Voici quelques stratégies que les avocates indépendantes peuvent envisager :

Communiquer sur sa grossesse pour mieux anticiper

On y pense pas assez, mais informer les clients de sa grossesse permet non seulement de les « préparer » à une transition mais également d’anticiper les échéances et gérer les dossiers urgents avant le départ en congé maternité. Un planning précis et une bonne communication avec les clients autour de la transition à venir sont essentiels pour limiter l’impact de son absence.

Déléguer ses dossiers à des confrères 

Il s’agit de s’entourer de confrères de confiance pour leur déléguer, de façon ponctuelle et flexible, ses dossiers pendant le temps du congé maternité (voire même en amont selon son état de santé).

Il est essentiel de choisir un réseau professionnel solide et intègre qui permet de trouver des avocats tout aussi expérimentés que soi. Il ne faut d’ailleurs pas hésiter à répartir les dossiers entre les mains de plusieurs confrères si la diversité de ses dossiers requièrent plusieurs compétences qu’il est parfois difficile à trouver chez un seul confrère. C’est l’assurance d’avoir le meilleur confrère pour un dossier donné.

Un bon nombre d’avocats indépendants manquent de traction commerciale et seraient ravis de générer un chiffre d’affaire « garanti » sur une période de 3 mois ou plus.

Conserver sa marge sur les dossiers délégués à ses confrères 

A l’instar de tous dossiers dans lesquels les avocats négocient un budget (forfait) ou une enveloppe de temps (à recharger le cas échéant) qui leur permettent de se payer ET de financer leurs coûts fixes de fonctionnement, l’avocate en congé maternité doit pouvoir conserver sa marge sur les dossiers confiés. Il s’agit de lui permettre à tout le moins de financer les coûts fixes de fonctionnement non financés par les indemnités perçues.

L’accès à un client et à un dossier résulte d’une stratégie commerciale parfois longue et couteuse. Il est indispensable que l’avocate en garde la paternité et bénéficie de son retour sur investissement.

Un canal de communication urgente

Même s’il est essentiel de pouvoir « couper » pendant son congé maternité, il peut être intéressant de mettre en place un canal de communication d’urgence permettant au(x) confrère(s) remplaçant(s) de prendre contact avec l’avocate si des sujets particulièrement urgents ou importants interviennent. Il est d’ailleurs indispensable d’en informer les clients afin de les sécuriser encore un peu plus pendant cette période. Cela permet également à l’avocate d’aborder son congé maternité avec une plus grande sérénité ce qui est essentiel pour profiter pleinement de son repos. 

Une aide ponctuelle post-reprise

Au retour du congé maternité, avoir un soutien temporaire, le temps de la reprise, peut grandement faciliter la transition entre la vie familiale et la reprise d’activité. Cela permet d’accepter de nouveaux dossiers sans se retrouver débordée et de se réorganiser plus sereinement.

Survoler sereinement la zone de turbulences

Le congé maternité est un moment clé dans la vie des avocates indépendantes. Avec une planification rigoureuse, l’anticipation des charges et un réseau professionnel solide, il est possible de surmonter cette période de challenge. 

En mettant en place des solutions numériques et humaines adaptées, comme l’embauche d’un ou plusieurs avocats en freelance pendant leur absence, ces avocates peuvent assurer la pérennité de leur activité tout en prenant le temps de se consacrer à leur nouvelle vie de mère.

 

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